Réponse Houmbaba : Oui, effectivement, le loup est en mesure d’attaquer à tout moment, mais dans quelle proportion à l’échelle d’une région, d’un pays ? Avec quel taux de prédation (nombre relatif d’animaux tués/an, confirmés ou probables) ramené à des « indicateurs de référence » avec des populations présumées suivies de 100, 300, 500, 1000 loups et plus ? C’est là toute la question.

La seule solution pour cohabiter et réduire la mortalité sur les cheptels, c’est de se défendre face à l’animal qui attaque. Car cohabiter, c’est d’abord entrer en relation. Les résultats montrent que la plupart des pays modernes où le loup s’est maintenu, où il est revenu ou a été réintroduit, en présence de filières d’élevage d’importance comparable, ont mieux réussi la cohabitation avec l’élevage : l’Italie avec 7 millions de moutons et 900 loups, l’Espagne avec 14 millions et 2000 loups, le Nord-ouest des Etats-Unis avec 830 000 moutons, 5 millions de vaches et plus de 2 500 loups… là où la France a échoué.

En Allemagne[1], le loup s’en prend surtout aux ongulés destinés à la chasse. En Italie, plus le pastoralisme s’éloigne d’une valorisation des parcours avec des cheptels de taille moyenne (200 à 600 animaux environ), pour aller vers des systèmes « extensif/intensif », avec une taille de troupeaux beaucoup plus importante, plus les attaques sont nombreuses. Effectivement le loup, « l’aléa prédateur », est réellement un facteur déterminant de contrainte ou d’invention de systèmes pastoraux plus performants, d’un point de vue zootechnique, biologique, gastronomique et donc économique.

L’homme a à apprendre par le loup, comme le chasseur apprend par le lièvre et par le chien. « L’homme est le plus malin en dernière analyse, mais son intelligence repose sur celle des autres (ici celle des loups avec qui il doit se confronter pour cohabiter, note des auteurs). Et le monde où l’on reconnaît de l’intelligence à ces autres est plus intéressant qu’un monde où l’on ne se l’accorde qu’à soi-même[2] ». C’est à l’homme qu’il appartient de réduire fortement les conflits avec l’élevage et d’acquérir les savoir-faire nécessaires. Qu’attend-on pour commencer efficacement à le faire.. ?

 


[1]            15 meutes en 2012 (sources : Vignon V. 2013. Le retour du loup en Europe, vers une population européenne ? Le Courrier de la Nature Spécial Loup, n°278, p. 66-68).

[2]            Bailly J.C. Le Parti pris des animaux, entretien avec Anne de Malleray, à paraître, la Billebaude, Maison de la Chasse et de la Nature, Ed. Glénat, mai 2014.

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