Réponse Houmbaba : Faux

Cf. extrait parution – (Présent depuis 400 000 ans, pourchassé jusqu’à disparaître dans les années 1930, revenu naturellement dans les années 1990, une réinstallation plus lente que nature… Actuellement en phase de recolonisation, une répartition qui s’étend, ainsi que son effectif global, mais les populations locales n’augmentent pas ! Il serait donc absurde d’envisager une « régulation » de l’espèce).

Certes, il est présent depuis 400 000 ans[1] et même plus. Mais le loup est aussi un nouveau venu ! Il disparaît dans une France dévastée où 90 % de la population est rurale, et revient dans un pays avec 1,5 % d’agriculteurs. Il réapparaît dans un autre paysage biologique, démographique, économique et politique. Avec sa capacité d’adaptation, doué d’une innovation comportementale qui se révèle au niveau de l’individu, le loup est « facteur dépendant » dans ses comportements de son milieu. De ce point de vue, c’est  un nouveau venu.

Si le problème du loup est nouveau pour les hommes, les hommes d’aujourd’hui sont aussi nouveaux pour les loups. Car ce ne sont pas des animaux « machines », ce sont des êtres vivants. Et si tout est nouveau, le « loup français » innove puisqu’il est vivant et s’adapte à un environnement qui n’a jamais existé auparavant.

Et qu’est-ce qu’il se raconte, que nous ne voulons pas entendre, dans la manière dont les anciens parlent de la nouveauté à propos du retour du loup ?

Ce qui est nouveau : « c’est que l’on n’intervienne pas systématiquement sur les sites d’attaques, que le nombre important d’animaux domestiques tués ne gêne apparemment pas la filière ; enfin c’est l’impossibilité qui est la nôtre de décliner un corpus technique du « vivre avec le loup à la française ».

Le discours sur le loup « qui ne ferait qu’une victime de temps en temps », celui d’un « animal positif essentiel et sacré » est nouveau, alors que la « positivité » du loup était déjà reconnue dans les temps anciens, comme dans la vénerie par exemple. Tout en rappelant que la chasse elle-même n’a jamais éradiqué le loup. Ce qui l’a éradiqué, ce sont la destruction des habitats et de la forêt, la guerre systématique -et par tous les moyens- dont il a été l’objet pendant près de deux siècles, et enfin seulement la chasse.

La perception du loup est réelle, mais la réalité de l’animal dans le paysage n’est toujours pas abordée. Les humains d’aujourd’hui sont les témoins privilégiés de quelque chose que nous ne sommes plus capables de voir. On en reste à une réflexion conventionnelle qui ne touche pas à la définition de l’animal, sa réalité écologique et métabolique[2], ce qu’il n’a jamais cessé d’apprendre à l’humanité dans l’histoire. Et bizarrement cette nouvelle convention, ce réel, ne donne accès qu’à un seul prisme de relation avec le vivant -une forme de sacralisation écologique et de pensée magique– excluant l’expérience agricole ou cynégétique de cette convention de nature qui existerait sans les usages… avec toujours une impossibilité d’apprendre de cette réalité biologique. Où est la science écologique française comparable à celle des anglo-saxons mobilisée depuis plus de 40 ans ? C’est pourtant une question scientifique majeure, seule à même de nous parler de cette réalité biologique inattendue et innovante, là où notre pays en a fait une question d’abord politique qui parle du réel[3].



[1] Les loups comme canidés apparaissent il y a 40 millions d’années, ce qui en fait un des plus anciens de tous les carnivores. Le premier loup moderne, Canis lupus, apparaît au Pléistocène, il y a environ un million d’années.

[2] La capacité du loup à être ce que les scientifiques nomment un « déclencheur de cascade trophique » dans l’écosystème.

[3] A propos de réel et réalité, voir la tribune parue dans Libération (18/06/2012), plus que jamais d’actualité : « Ecologie et politique, la gauche doit s’occuper de la réalité »…

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